giovedì 15 gennaio 2015

Charlie Hebdo: la lettera di Elsa al papà Wolinski

Elsa, la figlia di Georges Wolinski, ha scritto una lettera intensissima per il giornale Elle.
Le dessin de Zep - © Zep


« Papa, t’es là ? Tu m’entends ?
Si t’es là, fais-moi signe... Envoie-moi un dessin.
Bon, ben, tu m’entends pas, je m’en doutais un peu.
Depuis que t’es mort, je me dis que tu dois enfin savoir si Dieu existe.
Tout le monde t’imagine dans le ciel, avec des filles à poil, en train de te marrer. Mais, moi, je sais ce que tu fais. T’as dû demander un stylo pour te dessiner une table, des feuilles et une lampe. Et puis, maintenant, tu te dessines un double de maman pour qu’elle soit avec toi, même là-haut. Ah, et puis tu t’es fait un lit pour ta sieste. C’est sacré, la sieste chez Wolinski.
Tu sais, je dors dans ton lit. J’ai d’ailleurs dû asperger ta chambre de mon parfum, ça sentait trop toi. C’est bizarre de me coucher à ta place. Mais je suis bien avec toi, là, dans tes draps. Maman t’avait offert un pantalon, t’as pas eu le temps de le mettre. Au fait, papa, j’en profite, est-ce que je peux te piquer tes pulls en cachemire ?
Papa, le journal ELLE m’a demandé de t’écrire une lettre, mais j’ai pas le temps. Le téléphone n’arrête pas de sonner, et je dois m’occuper de maman. Tu sais, elle s’en sort bien. Elle est très belle, comme à son habitude. Mes sœurs sont là aussi. On se serre les coudes. Et puis, on a des rendez-vous bizarres au 36, quai des Orfèvres pour récupérer tes affaires. J’avais l’impression d’être dans nos fameux polars qu’on aimait tant tous les deux. Et puis, aux pompes funèbres, pour te choisir une urne et un bout de terrain. On n’y pense pas, mais c’est plus difficile de choisir une urne qu’une paire de chaussures Prada. J’aimerais bien garder l’urne avec moi, je te baladerais dans mon sac, je te mettrais à côté de mon lit.
Papa, je me pose la question. Est-ce que t’as souffert ? Parce que c’est ça qui m’angoisse, tu sais. J’ai peur que t’aies eu peur, j’ai peur que t’aies eu mal. Mais ils ne t’ont touché qu’à la poitrine, alors, les bobos, on les voit pas.
T’es beau, tu sais, avec ce drap blanc qui t’enveloppe. T’as même l’air heureux. J’ose pas trop m’approcher, tu m’en veux pas ?
Je voudrais être capable de t’embrasser pour la dernière fois, mais j’y arrive pas. J’ai demandé à la dame de l’Institut médico-légal si on pouvait t’empailler mais elle m’a dit que c’était pas possible.
Papa, on dirait que tu dors.
Mais tu dors pas, t’es mort.
Pour dehors, Wolinski est vivant.
Mais, pour moi, t’es plus là.
Elsa a perdu son papa. »



"Papà, ci sei? Mi senti?
Se ci sei, fammelo capire...mandami un disegno!
Bene, bene, non puoi sentirmi. Un po' lo sospettavo.
Da quando sei morto, mi dico che tu dovresti finalmente sapere se Dio esiste.
Tutti ti immaginano in cielo, con delle ragazze nude che ridono con te.

Ma io, io so quello che stai facendo. Devi aver chiesto una matita per disegnare, un tavolo, dei fogli e una lampada. E ora, sicuramente, starai disegnando una copia della mamma perché lei sia lì con te anche lassù. Ah, e poi starai cercando un letto per un pisolino. La siesta è sacra a casa Wolinski.

Sai, io dormo nel tuo letto. Sai ho dovuto spruzzare la tua camera del mio profumo, perché sapeva troppo di te. È strano dormire al tuo posto. Ma io sto bene con te, là, fra i tuoi fogli. Mamma ti aveva regalato dei pantaloni, non hai avuto il tempo di metterli. A proposito, papà, ne approfitto: posso prendere i tuoi maglioni di cachemire?

Papà, Elle Magazine mi ha chiesto di scriverti una lettera. Ma non ho tempo. Il telefono non smette di squillare e devo prendermi cura di mamma. Sai, lei si sta comportando bene. È molto bella, come sempre. Anche le mie sorelle sono qua. Ci teniamo l'un l'altra.

E poi, abbiamo degli appuntamenti bizzarri al 36 quai des orfevres (sede della polizia) per riprendere le tue cose. Ho l'impressione di trovarmi in quei famosi thriller che entrambi amiamo tanto. E poi, le pompe funebri, per sceglierti un'urna e un pezzo di terra. Non ci si pensa, ma è più difficile scegliere un'urna che un paio di scarpe di Prada. Mi piacerebbe tenere l'urna con me. Ti terrei nella mia borsa, ti metterei accanto al mio letto.

Papà, mi chiedo: hai sofferto? Perché è questo quello che mi angoscia, sai. Ho paura che tu abbia avuto paura. Ho paura che tu abbia sentito dolore. Non ti hanno toccato che il petto, le ferite, non si vedono.
Sei bello, in questo drappo bianco che ti avvolge. Hai l'aria felice di sempre.
Non vorrei avvicinarmi troppo, non ce l'hai con me? Vorrei essere in grado di baciarti per l'ultima volta, ma non ci riesco.
Ho chiesto alla signora dell'Istituto di Medicina Legale se si poteva impagliarti, ma lei mi ha detto di no.

Papà, sembra che stai dormendo.
Ma tu non dormi, sei morto.

Per tutti gli altri, Wolinski è ancora vivo.
Ma per me, tu non sei più là.
Elsa ha perduto il suo papà".



Elsa Wolinski col papà e la mamma


.................................................................................

Ti potrebbe interessare anche:


Nessun commento:

Posta un commento